SM le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, que Dieu L’assiste, accompagné de SAR le Prince Moulay Rachid et SA le Prince Moulay Ismaïl, a présidé, vendredi au Palais royal de Casablanca, la cinquième causerie du cycle des causeries religieuses organisées à l’occasion du mois sacré de Ramadan.
Cette causerie a été animée par la professeure Safya Abderrahim Tayeb Mohammad, ancienne ministre, professeur à l’université Oum Darmane et membre de la section de la Fondation Mohammed VI des ouléma africains au Soudan, sous le thème “Les constantes de l’identité islamique en Afrique et les défis de sa préservation” à la lumière du verset du Saint Coran “Ô hommes! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand Connaisseur”.
La conférencière a souligné, au début de la causerie, que l’Islam est considéré comme l’un des fondements de l’identité du continent africain où il s’est ancré au fil des siècles avec le Maroc comme point de départ, par l’entremise d’oulémas et de maîtres du soufisme dont les adeptes en Afrique sont nombreux.
Les Africains embrassent plusieurs religions, en tête desquelles figure l’Islam qui demeure la foi de 45 % de la population du continent, contre 40 % pour le christianisme, a expliqué Mme Safya Abderrahim, soulignant que le rite sunnite reste la doctrine dominante bien que la situation ait commencé à changer relativement dans certains pays après 1980.
C’est la raison pour laquelle, a-t-elle fait remarquer, la présence du Royaume du Maroc en Afrique reste fortement sollicitée pour prévenir une crise d’identité, au même titre que son rôle sur le front de la politique et la coopération.
La conférencière a, sur ce registre, abordé la création de la Fondation Mohammed VI pour les Oulémas africains, relevant que c’est un projet pilote pour la “veille religieuse” dans le continent, dès lors que la mission d’encadrement longtemps assumée par les confréries soufies doit être perpétuée dans l’optique de la défense des constantes africaines.
Il appartient donc à l’Afrique, selon elle, de puiser dans la religion islamique pour faire face à deux types de défis, internes et externes. S’agissant des défis internes, a-t-elle précisé, ils portent sur cinq aspects se rapportant à l’identité, au nationalisme, à la langue, à l’analphabétisme et à l’Ijtihad. Quant aux défis externes, ils ont trait aux concepts du libéralisme, de la mondialisation, de la laïcité et du terrorisme.
Concernant le défi de l’identité, l’oratrice a expliqué que les musulmans africains ont en commun une identité religieuse bien constituée, source de paix et de sérénité. Tant et si bien que l’Islam offre un modèle permettant à l’individu de vivre dans l’harmonie au sein de la tribu, du peuple et de la nation qu’elle soit le pays ou bien le continent, le seul critère de référence étant la takwa (crainte de Dieu), a-t-elle ajouté.
Sur le plan de la langue, la conférencière a fait observer que la diversité linguistique ne peut constituer une source de problèmes ou de mésentente que ce soit en Afrique ou ailleurs. Elle a cité les études du chercheur Hassan Gambo consacrées à la carte linguistique en Afrique, en ce sens qu’il a montré que le colonisateur a introduit des changements dans le système linguistique du continent, à l’origine de la marginalisation des langues locales actuellement.
Évoquant la question de l’analphabétisme, elle s’est demandée comment les illettrés peuvent tirer le meilleur parti des valeurs de l’Islam, affirmant qu’il s’agit là d’un fléau qui prend de l’ampleur dans les sociétés musulmanes. Or ces mêmes sociétés continuent à concevoir un fléau de cette ampleur comme une problématique d’ordre éducatif et moral. Elle a jugé nécessaire à ce niveau d’élaborer des approches et des solutions qui tiennent compte des spécificités et des moyens limités des pays concernés.
Sur le plan de l’Ijtihad, la conférencière a relevé que la multitude des interprétations erronées sur la religion et ses enseignements et l’ignorance qui sévit parmi certains de ses adeptes sont parmi les plus grands défis dont pâtit l’identité musulmane en Afrique.
L’oratrice a d’autre part abordé le concept du nationalisme, expliquant que d’aucuns cherchent à minimiser l’identité musulmane, voire quasiment l’écarter, en arguant qu’il y a forcément des antagonismes entre l’ethnie et l’Islam en tant que religion. Par contre, ceux attachés à la religion affirment qu’une telle identité donne un sens à son existence dans ses acceptions spirituelle et morale.
Elle a soutenu à cet égard que l’Islam bien qu’il souligne l’importance indéniable de la dimension ethnique dans l’identité de tout être humain, affirme que ce dernier a légitimement besoin de bien d’autres appartenances qu’elles soient familiale, tribale ou nationale.
En ce qui concerne le défi du libéralisme, elle a signalé qu’il n’est pas question ici du libéralisme dans sa signification économique, mais du système normatif et moral qui va au-delà des règles de la charia et différentes pratiques propres aux musulmans.
Ce concept du libéralisme, a-t-elle poursuivi, revêt ici une dimension plus globale et renvoie à la cohabitation positive empreinte de respect mutuel, loin de tout traitement dégradant ou attentatoire à la dignité de l’autre.
Au sujet du défi de la mondialisation, la conférencière a noté que ce concept ne signifie guère une quelconque tendance à promouvoir un monde uniforme, mais à promouvoir l’émergence d’un système où plusieurs peuples et cultures peuvent cohabiter dans une sorte d’interdépendance. Les musulmans africains, a-t-elle dit, sont invités à tirer profit d’une telle dynamique et ne pas confondre globalisation et domination parce que tout simplement l’Islam n’incite à aucune forme d’isolement.
Sur le volet de la laïcité, l’oratrice a indiqué que ce concept a vu le jour dans la civilisation occidentale dans le contexte des rivalités entre les institutions religieuses, lesquelles rivalités ont gagné différentes parties du monde. Elle a fait remarquer que certains États africains à majorité musulmane ont énoncé la laïcité dans leur Constitution, laissant à l’initiative privée le soin de gérer des espaces comme les mosquées et les écoles.
Il s’avère cependant qu’une telle pratique peut entraîner des dangers, au point que des États tentent de nos jours de combler les lacunes constatées en nommant des responsables en charge des Affaires islamiques.
Pour ce qui est du péril terroriste, elle a affirmé que l’Afrique fait face à trois types de conflits ethniques, religieux et de doctrine. Pour transcender ces conflits de portée civilisationnelle, a-t-elle suggéré, il est nécessaire de lutter contre l’extrémisme qui ronge le continent en raison du faible encadrement religieux. Il convient de concilier entre approche sécuritaire et sensibilisation religieuse, tout en œuvrant à la promotion de l’enseignement et de la justice, à la lutte contre la corruption et à l’encouragement de l’intégration économique entre les pays de la région.
Faire face à tous ces défis, a-t-elle conclu, revient pour les oulémas et imams d’Afrique à mener une marche du grand Jihad tout en faisant montre de sagesse et de souplesse en vue d’immuniser les musulmans africains contre les dévoiements.
Au terme de cette cinquième causerie religieuse, Sa Majesté le Roi, Amir Al Mouminine, a été salué par MM. Mohamed El Medeni Mountagha Tall, membre de l’Association des oulémas de l’Islam du Sénégal, Hassan Bin Mohamed Safar, professeur à l’université du Roi Abdelaziz en Arabie Saoudite, Mahmoud Abdou Zobeir, chargé de mission au cabinet du président de la République du Mali et président de l’antenne de la Fondation Mohammed VI des Oulémas africains au Mali, Cheikh Aboubacar Fofana, président du Conseil supérieur des Imams et président de l’antenne de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains en Côte d’Ivoire, Farhan Nizami, directeur du Centre des études islamiques à Oxford (Grande Bretagne), Ibrahim Ahmad, vice-mufti des Maldives et ministre adjoint des Affaires islamiques en République des Maldives, et Mohamed Ibrahim Mohamed Radoui, président de l’association des oulémas du Sri Lanka.
Le Souverain a été également salué par MM. Amine-eddin Mohamed, président du Conseil islamique du Mozambique, Koutob Moustapha Sano, un Alem de Guinée, Omaro Camara Aboubacar, président du Conseil national islamique du Liberia et président de l’antenne de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains au Liberia, Abdelouadoud Haroun, membre de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains au Ghana, Tchirnoa Mbalo, président du Conseil supérieur des affaires islamiques et secrétaire général de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains en Guinée Bissau, Omar Seck, président de la Cour d’appel et superviseur des tribunaux de Gambie et membre de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains (Gambie), Houcine Mohamed Adam, un Alem d’Ethiopie et membre de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains dans ce pays.
MAP-01/06/2018
SM le Roi, Amir Al Mouminine, préside à Casablanca la quatrième causerie religieuse du mois sacré de Ramadan
SM le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, que Dieu L’assiste, accompagné de SAR le Prince héritier Moulay El Hassan, de SAR le Prince Moulay Rachid et de SA le Prince Moulay Ismail, a présidé, mercredi au Palais Royal de Casablanca, la quatrième causerie religieuse du mois sacré de Ramadan.
Cette causerie a été animée par le professeur Abdelkader Mekki Kettani, ingénieur et spécialiste du hadith acharif, sous le thème “Les divergences des jurisprudences des fakih et comment en tirer profit” à la lumière du hadith du Prophète Sidna Mohammed, paix et salut de Dieu soient sur Lui: “Dans chaque descendance , des (gens) justes seront chargés de cette science (la science du Dine), ils la débarrasseront des déformations des exagérateurs, des usurpations des négateurs et des interprétations des ignorants”.
Au début de cette causerie, le conférencier a souligné que les divergences entre les oulémas dans leurs fatwas à propos de certaines questions secondaires à travers les siècles répondent à l’impératif de tenir compte de la différence des conditions de vie et du cadre spatio-temporel des gens, contrairement aux allégations avancées par certains ignorants, parmi les usurpateurs, les fanatiques et autres extrémistes, dès lors que cette divergence est une source de diversité et de richesse pour la charia islamique.
Il a estimé que les oulémas d’aujourd’hui sont en droit de faire valoir la richesse diversifiée et fantastique de cet héritage auprès des penseurs d’autres nations en ces temps où les méthodologies, les idées et les orientations font florès, notant que la divergence entre les oulémas est une source de clémence divine à l’égard de ces créatures.
Selon lui, le pire qui pourrait advenir à un interprète ayant avancé une jurisprudence erronée s’inscrivant à faux contre la communauté des oulémas serait de lui rappeler qu’il a commis une erreur, sans jamais le taxer d’apostasie ou d’athéisme.
Dans ce sens, il a indiqué que le premier type de divergence réelle est d’une émanation éminemment personnelle obéissant à un penchant ou à un désir qui, souvent, fait l’objet d’une réprobation, le fakih étant tenu de souscrire aux préceptes de la charia, sans rien céder à ses penchants et à ses visions personnelles.
Le second type, le plus important, émane d’une jurisprudence basée sur le Saint Coran et ses interprétations et sur la tradition prophétique (Sounna), a-t-il poursuivi, précisant que ce type de divergence tient à la manière avec laquelle les oulémas appréhendent les sources de la Révélation, en fonction de leur compréhension, de leur interprétation et de leurs compétences.
Ainsi, les oulémas peuvent-ils avoir des appréciations différentes en termes d’acceptation de certains hadiths, selon leurs sources, leurs rapporteurs ou leur degré de compatibilité avec les préceptes généraux de la religion et de ses finalités ultimes, a-t-il noté.
Le conférencier a, par la suite, abordé certaines problématiques liées à l’interprétation du Saint Coran et de la Sounna et les dispositions qu’elles renferment, relevant que la divergence entre les oulémas est aussi fonction de leurs compétences cognitives et innées, mais également de la différence des environnements et des âges.
Rappelant un aphorisme attribué à Omar Ibn Abdelaziz selon lequel la divergence entre les Compagnons du Prophète Sidna Mohammed a permis aux gens d’être à l’aise, il a estimé que cette divergence serait une source de clémence si les oulémas mettaient à contribution ce riche héritage d’opinions diverses au profit de l’unité de la Oumma et de sa solidarité dans le respect des finalités de la religion.
Sur la même lancée, la divergence sur des questions secondaires est une chose naturelle qui est, du reste, le propre de toute législation qu’elle soit céleste ou positive, a-t-il affirmé, relevant que c’est précisément cette malléabilité qui a fourni à la bibliothèque islamique des encyclopédies énormes en matière de législation et qui a permis aux musulmans de disposer d’une fortune inégalée de textes ayant fait de l’Islam une religion universelle, souple, pérenne acceptable et constamment renouvelée.
Il a dans ce sens souligné l’importance de renouveler le discours islamique et de promouvoir la pensée modérée et éclairée, dont les bases ont été lancées par le Prophète Sidna Mohammed et magnifiées par le Saint Coran, conformément au verset : “C’est ainsi qu’Allah vous explique Ses versets, afin que vous raisonniez !”.
S’agissant des vertus du dialogue et de l’acceptation de l’avis contraire, il a mis l’accent sur l’impératif de s’inspirer d’abord de la tradition du Prophète Sidna Mohammed, de son humilité et de sa sagesse, comme lors de son dialogue soutenu avec les Chrétiens de Najrane, d’observer le respect mutuel, de s’en tenir à l’équité et d’abandonner la fanatisme et la haine.
Selon lui, la mise à contribution des divergences dans le renouvellement du discours islamique est d’une grande importance pourvu que l’on s’attache aux sources fondamentales de la législation, en l’occurrence le Saint Coran en revisitant ses exégèses et en le purifiant des interprétations israélites et des explications erronées ou basées sur des avis personnels de certains exégètes, d’une part, et les hadiths prophétiques qui font l’unanimité des grands imams.
Pour ce faire, a-t-il ajouté, il importe de réexaminer les doctrines islamiques et de mettre à profit leurs divergences et leur richesse dans l’appréhension des problématiques économiques, culturelles, sociales, intellectuelles et médiatiques contemporaines, en s’appuyant sur le Saint Coran, les hadiths dont la véracité a été unanimement établie et les avis des Imams.
Ces études devant être accomplies, l’on se retrouvera devant une série de vérités éclatantes, dont la première consiste à ressortir l’image réelle de l’Islam en tant que religion, un système de pensée et une civilisation basés sur le dialogue et la conviction, sans obligation et sans contraintes aucune, conformément à la parole divine : “Par la sagesse et la bonne exhortation appelle au sentier de ton Seigneur”.
La deuxième vérité, a-t-il poursuivi, révélera que l’Islam fut l’une des premières législations au monde à avoir appelé au respect des droits de l’Homme dans leur intégralité, et la troisième montrera que le Jihad en Islam est décrété pour lever l’injustice et repousser les colonisateurs, les agresseurs et les usurpateurs de la terre et des droits.
Et de conclure que les musulmans, à l’apogée de leur force et de leur civilisation politique, économique et scientifique, étaient ouverts sur le monde et sur la diversité des opinions et plus enclins à accepter la différence, mais lorsqu’ils sont devenus faibles, effrayés et inquiets pour leur religion, leur réaction s’est muée en extrémisme abject et en fanatisme infâme.
Au terme de cette quatrième causerie religieuse, Sa Majesté le Roi, Amir Al Mouminine, a été salué par Son Altesse Ibrahim Sulu Gambari, Emir de l’émirat de Llorin dans l’Etat de Kwara au Nigeria, Cheikh Ibrahim Salih Al Hosseini, président de l’Instance de la fatwa et du Conseil islamique nigérian et président de la section de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains au Nigeria, Oussama Sayid Al Azhari, conseiller du président de la République arabe d’Egypte, Farid Ben Yaakoub Al-Miftah, Commissaire du ministère bahreini de la Justice, des affaires islamiques et du waqf, Mohamed Mansour Sy, Conseiller et adjoint du Khalife général de la tariqa Tijaniya au Sénégal, Cheikh El hadj Moustapha Sonta, Khalife général des Tidjanes en Côte d’Ivoire.
Le Souverain a été également salué par Cheikh Bakou Abderrachid, responsable des relations publiques à l’Association d’aide directe et vice-président de la section de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains au Togo, Abdessamie Al Anis, un des oulémas des Emirats arabes unis, Mohamed Akram Nadwi, professeur à l’Institut de la Paix Oxford en Grande-Bretagne, Zaki Moussa Klone, directeur de l’Académie islamique Abdeljalil et membre de la section de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains en Sierra-Léone, et Wilton Da Conceicao Das Neves, Imam, prédicateur et membre de la section de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains à Sao Tome.
MAP-30/05/2018
SM le Roi, Amir Al Mouminine, préside à Casablanca la troisième causerie religieuse du mois sacré de Ramadan
SM le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, que Dieu L’assiste, accompagné de SAR le Prince Moulay Rachid et de SA le Prince Moulay Ismail, a présidé, vendredi au Palais royal de Casablanca, la troisième causerie du cycle des causeries religieuses organisées à l’occasion du mois sacré de Ramadan.
Cette causerie a été animée par le professeur à l’université Al-Qassimiya de Gujarat en Inde, Muhamad Arshad Bin Ahmad al-Qassimi, sous le thème « Les efforts des musulmans d’Inde au service du Hadith », à la lumière du verset coranique : « Pourquoi de chaque clan quelques hommes ne viendraient-ils pas s’instruire dans la religion, pour pouvoir à leur retour avertir leur peuple afin qu’ils soient sur leur garde ».
Au début de cette causerie, le conférencier a fait remarquer que l’expérience des oulémas indiens dans la préservation du Hadith, en tant que deuxième source de la chariaâ, démontre la capacité de l’Islam à résister aux épreuves du temps et à s’adapter en permanence à son environnement.
L’Inde, pays peuplé de 160 millions de Musulmans et berceau de plusieurs civilisations et empires, a vu naître quatre religions, dont l’hindouisme, le bouddhisme et le sikhisme, et a également accueilli à bras ouverts, durant le premier millénaire, quatre autres religions dont le judaïsme, le christianisme et l’islam, a-t-il ajouté.
Il a relevé que l’Islam a été bien accueilli en Inde, pays où cohabitent plusieurs ethnies fermées sur elles-mêmes, en raison des valeurs prônées par cette religion qui accorde les mêmes droits aux musulmans et aux adeptes des autres religions, précisant que les musulmans ont ouvert les villes aux individus qui étaient marginalisés et qui n’avaient pas les mêmes droits, ce qui a entrainé l’adhésion d’un grand nombre de personnes de la classe moyenne à la religion musulmane.
La pénétration de l’islam en Inde a été également facilitée par la bonne conduite observée par certaines confréries soufies comme le chichtya qui a tenu à faire participer les hindous à la vie des musulmans avant même de se convertir à l’islam, a expliqué le Pr Ahmad al-Qassimi qui a fait remarquer que les oulémas musulmans d’Inde ont réussi à trouver l’harmonie et le bon équilibre entre les différents courants et philosophies ayant traversé le pays depuis le 6 ème siècle de l’hégire.
Après l’installation du pouvoir britannique, a-t-il noté, d’aucuns ont cédé aux sirènes de l’occident et succombé aux charmes de sa langue et de ses sciences, alors que d’autres ont refusé le fait accompli en considérant que l’acceptation de langue de l’occident équivaut à la soumission à son pouvoir.
A cette époque, a-t-il dit, les musulmans ont fait face à des conditions difficiles et commencé à nourrir des craintes sur l’avenir de leur religion en Inde, avec comme conséquence l’exode de plusieurs oulémas et intellectuels musulmans laissant le champs libre aux missionnaires dans les campagnes et les villes pour appeler les gens à rejoindre la religion chrétienne.
La riposte des musulmans à cette situation s’est manifestée par un large mouvement de création d’écoles coraniques pour l’enseignement des sciences de la religion et du hadith en particulier, a affirmé le conférencier, ajoutant que ces écoles, gratuites et ouvertes devant toutes les couches de la société sans aucune discrimination de couleur, de sexe, de religion ou de couche sociale, inculquaient aussi les sciences modernes, ce qui a permis aux enfants des familles pauvres de recevoir un enseignement gratuit.
Le Pr al-Qassimi a attiré l’attention sur le fait que le problème de l’enseignement de l’Islam en Inde ne tient pas tant à la prise en charge des frais de scolarité mais au respect du principe de la laïcité prévu par la Constitution du pays, puisque les cursus et les programmes scolaires dans les écoles publiques transgressent ce principe en prenant la défense de la religion majoritaire, sachant que ces écoles accueillent également les enfants de plusieurs religions dont les musulmans.
Les musulmans et lauréats de ces écoles, qui considèrent que l’Inde est aussi leur patrie, ne cessent de réclamer la réforme de ces programmes scolaires de façon à préserver le caractère laïc de l’Etat et de l’enseignement public conformément aux dispositions de la Constitution du pays, a-t-il assuré.
Le conférencier a souligné qu’en dépit des difficultés rencontrées, les universités et écoles islamiques en Inde sont conscientes de l’importance de leur noble mission, à savoir la vulgarisation de la science et des préceptes de l’islam et l’enseignement des sciences de la chariaâ et de la langue arabe.
L’expérience des oulémas en Inde est une grande richesse qui est à la disposition de tous les musulmans, en particulier dans les contrées où les musulmans sont soumis à la discrimination et doivent en conséquence préserver leur identité et leurs valeurs, a-t-il noté.
Le Professeur a salué la haute sollicitude dont le Maroc, sous la conduite de Sa Majesté le Roi, Amir Al Mouminine, entoure la religion et les écoles et instituts d’enseignement des sciences religieuses, précisant que les oulémas indiens apprécient à sa juste valeur cet intérêt éminent du Maroc pour la religion.
Il a rappelé, dans ce cadre, que feu SM Mohammed V a combattu le colonialisme par la préservation de ces écoles de par leur rôle mobilisateur, et par l’encouragement des Marocains à rester attachés à leur religion, aux préceptes de l’islam et à la tradition du Prophète Sidna Mohammed, que la paix et le salut soient sur Lui.
En conclusion, le conférencier a affirmé que l’attachement au hadith en Inde a permis non seulement de pérenniser l’attachement des fidèles à leur religion mais aussi de préserver l’identité islamique et l’existence des musulmans dans ce pays.
A la fin de cette causerie, SM le Roi, Amir Al Moumnine, a été salué par les Pr. Abdelkader Cheikh Ali Ibrahim, ministre d’Etat du ministère de la Justice et de la magistrature et président de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, antenne de la Somalie, Youssef Abdurrahman Nzibou, président du conseil supérieur des musulmans du Kenya, Ousseini Ismail Oussi, président du Conseil supérieur des affaires islamiques de la République du Gabon et président de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, antenne du Gabon, Mamadou Ouri Baldé, secrétaire général de la Ligue nationale de la Tijanya en Guinée Bissau et président de l’antenne de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains en Guinée Bissau.
SM le Roi a été également salué par les Pr Mohamed Lahlou Ahmed Nour, mufti général de la République du Tchad et membre de l’antenne de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains au Tchad, Mohamed Bitchovitch, enseignant des études islamiques à l’université Novi Pazar en Serbie, Abdullah Ben Ali Salem, ancien président du conseil constitutionnel en Mauritanie, Aziz Hassovitch, président de la machyakha islamia en Croatie, Salah Nday, imam et prédicateur et président de l’antenne de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains en Centrafrique, Fassidikisso Mahouro, président de l’institution caritative tijanya en Côte d’Ivoire et membre de l’antenne de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains en Côte d’Ivoire, Jimou Ahmed Rijima Tovitch, président des imams à Bodjourista à Monténégro, Mouhieddine Janidi Achmaoui, président du conseil des oulémas indonésiens, et Abdelkader Mandela Maliki, président de l’antenne de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains en Afrique du Sud.
MAP-25/05/2018
SM le Roi, Amir Al Mouminine, préside à Rabat, la deuxième causerie religieuse du mois sacré de Ramadan
Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, que Dieu L’assiste, accompagné de SAR le Prince héritier Moulay El Hassan, de SAR le Prince Moulay Rachid et de SAR le Prince Moulay Ismail, a présidé, mardi au Palais Royal de Rabat, la deuxième causerie religieuse du mois sacré de Ramadan.
Cette causerie a été animée par Rohan Ambay, professeur à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et président de la “Fondation Mohammed VI des oulémas africains”, antenne du Sénégal, sous le thème : +Les constantes religieuses partagées, un facteur d’unité entre le Maroc et les pays africains+, à la lumière du hadith du Prophète Sidna Mohammed, paix et salut de Dieu soient sur Lui : “Les gens de l’ouest (Ahl Al gharb) détiendront la vérité jusqu’à la venue de l’heure”.
Le conférencier a mis en exergue, à l’entame de sa causerie, l’importance que revêt la thématique abordée tant pour le Royaume du Maroc que pour plusieurs pays africains, liés au Maroc par des liens ancestrales qui datent depuis des siècles et qui se basent sur la religion commune, autant de liens qui constituaient, jadis, le socle de ces rapports, et qui continuent de jouir aujourd’hui de la même vitalité et ardeur.
Sous cette rubrique, Pr. Ambay a mis un accent particulier sur la profondeur de ces relations, caractérisées par des liens populaires qui ne sauraient être entamés par des mutations conjoncturelles ou par des choix personnels dictés par des calculs politiques, notant que la religion en tant que telle est un dénominateur commun inébranlable car étant basé sur la vérité, le bien et la vertu conformément au verset du Saint Coran “Allah affermit les Croyants par une parole ferme, dans la vie présente et dans l’au-delà”.
Pour le Pr. Ambay, le dynamisme que connait le développement des relations avec les pays africains, sous l’impulsion bénie du Souverain, sur la base du conseil, de l’expertise, de la préservation de l’identité et du bénéfice commun, doit être accompagné par un mouvement de sensibilisation et de conscientisation au profit et des Marocains et de leurs frères de ces pays africains, quant à l’importance de ce socle solide, dont les jalons ont été jetés par les ancêtres au sujet des constantes religieuses, d’autant plus que la religion fait face aujourd’hui à son ennemi juré, en l’occurrence l’extrémisme.
Si des parties n’appartenant pas à notre continent considèrent ses peuples comme une proie facile et dont l’identité est manipulable, les relations spirituelles entre le Maroc et les peuples africains ont toujours été basées sur la piété et l’entraide, a insisté le conférencier.
Selon lui, alors que l’identité de ces peuples n’était jamais mise en péril par des choix confessionnels, communautaires ou ayant trait à leur conduite, le spectre de l’extrémisme guette désormais ces populations après que des valeurs, autrefois observées par les ancêtres à l’instar du respect de la pluralité et de la différence, se sont vues aujourd’hui bafouées.
Il a formulé le voeu, dans ce sens, pour que SM le Roi, Amir Al-Mouminine, continue à consentir Ses efforts inlassables visant la consolidation des liens de conseil dans la religion et de bénéfice mutuel et pour que Sa Majesté coopère avec ces peuples afin de préserver leur paix spirituelle et identité culturelle dans le cadre des constantes communes.
A cet égard, le conférencier s’est attardé à expliquer la signification des constantes, précisant qu’il s’agit, en fait, de choix religieux en matière de foi, de croyance et de comportement spirituel auxquels les Marocains ont souscrits avec les habitants de plusieurs contrées africaines, en particulier dans l’ouest du continent.
Il s’agit, en effet, d’un choix libre parmi les jurisprudences des premiers Imams ayant procédé à la déduction des règles religieuses, ajoutant que ces constantes religieuses communes se déclinent en quatre segments: Imarat al Mouminine, le rite Malékite, la doctrine achaârite et le soufisme.
A propos de la première constante, l’orateur a relevé que, si chaque peuple africain dispose de sa patrie politique, avec un régime empreint de légitimité et de légalité contemporaines par le truchement de choix et d’élections, les Musulmans qui résident dans chacun de ces pays sont conscients de la symbolique d’Imarat al Mouminine dans l’histoire de l’Islam et sa genèse ancestrale et effective dans celle du Royaume du Maroc.
L’Institution d’Imarat al Mouminine, a-t-il ajouté, constitue désormais un dénominateur commun symbolique qui ne concerne pas uniquement la vie politique des pays, mais bénéficie d’une importance spirituelle que les Africains ne cessent d’exprimer continuellement, d’autant plus que certains chefs religieux africains ont toujours été soucieux de raffermir les liens avec les Rois du Maroc en leur rendant visite. Dans ce sens, le conférencier a rappelé que certains d’entre eux avaient tenu à rendre visite à feu SM Mohammed V dans son exil.
Tout-au-long de l’histoire d’Imarat al Mouminine au Maroc, a-t-il indiqué, les Africains ont toujours perçu le Royaume avec considération, déférence et estime eu égard à son droit, à sa légitimité et à ses sommités sunnites.
Imarat al Mouminine, a-t-il, en outre, fait savoir, avait fait son entrée au Maroc après qu’elle eut rempli l’ensemble des conditions requises, en premier chef, l’allégeance légitime agréée par deux grands Imams de l’Islam: Malik Ibn Anas et Abou Hanifa, soulignant que c’est à ce moment-là que cette Institution a été mise en place dans l’ensemble des contrées du Royaume. Ainsi, il a rappelé que Moulay Idriss 1er était le premier à être qualifié de “Amir al Mouminine” dans l’occident islamique où il avait bâti un Etat islamique indépendante de l’Orient.
Evoquant la deuxième constante, le conférencier a noté que le rite Malékite est répandu dans les pays de l’occident islamique et dans la majorité des pays africains, estimant que l’unité de la croyance est l’un des dénominateurs communs de ces pays, chose qui les habilite à concrétiser une grande communion partielle de la Oumma islamique dans cette partie occidentale du monde islamique, voire dans l’ensemble de l’Afrique.
Le rite Malékite, a-t-il fait remarquer, se distingue par le juste-milieu, la modération, le progrès, le renouvellement, la flexibilité et le pragmatisme, ajoutant que les pays africains sont appelés à appréhender que l’essence même d’une croyance quelconque réside dans la protection des personnes et les prémunir contre la zizanie et la discorde, en particulier dans l’enceinte des Mosquées.
Quant à la troisième constante, le conférencier a estimé que le choix de la doctrine Achaârite réside dans le fait que ses adeptes conçoivent que toute personne qui prononce la Chahada est un croyant et partant, il ne peut, en aucun cas, être traité de renégat.
Dans ce contexte, il a relevé que ce sont les détracteurs de la doctrine achaârite qui accusent à tort les personnes d’apostasie et les tuent, précisant que les Musulmans sont leurs premières victimes, outre les préjudices qu’ils causent à l’image de la religion musulmane.
Il a fait observer que parler du dogme acharite c’est, en effet, évoquer une école authentique qui a contribué amplement à la prémunition de la croyance islamique conformément aux préceptes sunnites et tel que prêché et préconisé par l’Islam.
Pr. Ambay a souligné que l’acharisme a toujours été la doctrine officielle des grands Imams, tels Mâlik ibn Anas, Abou Hanîfa An-Nou’mân, Ash-Shâfi’î et Ahmad Ibn Hanbal.
Selon lui, les Marocains ont opté pour l’acharisme comme étant un courant complet qui a cette force de fonder, de persuader et de débattre et qui, plus est, a cette capacité de préserver la quintessence de la croyance.
Les Marocains ont également jeté leur dévolu sur l’acharisme eu égard à sa vocation de pondération et de juste-milieu, laquelle vocation, a-t-il dit, dépasse l’interprétation littérale des textes sans pour autant les dépourvoir de leur sens moyennant une lecture et une analyse décalées.
Concernant la quatrième constante, le soufisme en l’occurrence, Pr. Ambay a relevé qu’il a toujours constitué un pan de l’histoire du Maroc et une composante identitaire de la personnalité marocaine au fil des temps.
Le soufisme fait toujours office d’un fondement de la vie sociétale au Maroc et un affluent parmi d’autres de la conduite des Marocains, a-t-il ajouté, notant qu’il représente, à ce titre, une des constantes de la Oumma et un référentiel en harmonie avec ses sources sacrées : le Coran et la Sunna.
Le conférencier a, dans ce sens, affirmé que le respect des sources religieuses (le Coran et la Sunna) constitue la substance même des courants soufis.
Il s’est, par ailleurs, arrêté sur le rôle qu’a joué le soufisme marocain dans la diffusion de l’Islam, indiquant que l’histoire de l’Afrique subsaharienne en dit long sur cette question, particulièrement le rôle de confréries soufies comme les Tijaniyines, Fadiliyines et Maâniniyines à l’ouest de l’Afrique subsaharienne et celui de l’école ahmadie idrisside et ses branches au Soudan oriental, au service de l’Islam et des Musulmans.
Pr. Ambay a, à ce propos, fait état d’une tendance qui régnait pour le soufisme de l’orientation (Irchad), de l’action et du comportement, soulignant que les plus célèbres confréries soufies se le sont approprié, notamment les Tariqas Qadiriya, Chadiliya et Tidjaniya.
D’après lui, le modèle religieux marocain, sous ses trois constantes (doctrine, fiqh et soufisme), est prémuni par l’institution d’Imarat al-Mouminine qui garantit la protection et l’immunité de ce modèle modéré qui a conféré au Maroc une stature lui permettant d’accueillir des étudiants subsahariens, en plus des demandes formulées par des pays européens sollicitant des formations au sein de l’Institut Mohammed VI de formation des imams et des morchidines et morchidates qui, selon Pr. Ambay, inculque aux préposés religieux les principes d’une démarche pondérée et de juste milieu, à même de garantir paix et sécurité.
Pour le conférencier, les constantes sont un vecteur d’unité entre le Maroc et les pays africains, soulignant dans ce sens que le grand Imamat revêt une importance capitale pour la préservation des constantes vu le rôle qui échoit au grand imam, protecteur du culte et de la religion, conformément au pacte d’allégeance liant la nation et son dirigeant.
A cet égard, le professeur Rohan Ambay, a évoqué un aspect de la haute sollicitude dont SM le Roi entoure les pays africains, notamment la création de la Fondation Mohammed VI des Oulama africains qui regroupe un parterre d’oulémas du continent pour échanger leurs points de vue, se joindre mutuellement la vérité et l’endurance et débattre des questions du continent, des oulémas et de la charia, ce qui contribue au maintien de la sécurité morale du continent.
À l’issue de cette causerie, SM le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, a été salué par le grand mufti d’Egypte, Shawki Allam, le mufti de la République tunisienne Othman Battikh, le grand mufti d’Al Qods et de la Palestine, Cheikh Mohamed Hussein, le vice président de l’Université Islamique Darul Huda en Inde, Bahaa Eddine Nadoui, le président du conseil supérieur des affaires islamiques de la Gambie et président de la “Fondation Mohammed VI des oulémas africains”, antenne de Gambie, Mohamed Al Amin Touari, le président de l’Université multidisciplinaire Addar au Niger et président la “Fondation Mohammed VI des oulémas africains”, antenne du Niger, AbdellahBen Idriss Aboubakr Miga.
Le Souverain a également été salué par le professeur Matenzo Zola, membre de la “Fondation Mohammed VI des oulémas africains”, antenne Angola, Sendagaya Moussa, représentant du conseil supérieur des affaires islamiques à Kigali et président de “Fondation Mohammed VI des oulémas africains”, antenne Rwanda, Cheikh Ismael Ibrahim Kroum chef du département de la langue arabe et des études islamiques à Milton Magay university de Sierra Leone, Abdelkarim Diobati ancien secrétaire général des affaires islamiques et président de la “Fondation Mohammed VI des oulémas africains”, antenne Guinée-Conakry, Mustapha Ibrahim président du conseil islamique pour le développement et services humanitaires et président de la “Fondation Mohammed VI des oulémas africains”, antenne Ghana, Wilfred Muñez prédicateur à Sao Tomé et membre de la “Fondation Mohammed VI des oulémas africains”, antenne Sao Tomé, Mohamed Al Mokktar ould Abah, président de l’université moderne Chinguetti en Mauritanie et le professeur Denis Daoud Gril à l’Université d’Aix-Marseille et membre de l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman.
MAP: 22/05/2018
SM le Roi, Amir Al Mouminine, préside à Rabat, la première causerie religieuse du mois sacré de Ramadan
Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, que Dieu L’assiste, accompagné de SAR le Prince héritier Moulay El Hassan, de SAR le Prince Moulay Rachid et de SA le Prince Moulay Ismail, a présidé, vendredi au Palais Royal de Rabat, la première causerie religieuse du mois sacré du Ramadan.
Cette causerie inaugurale a été animée par le ministre des Habous et des affaires islamiques, Ahmed Toufiq, sous le thème « les droits de l’âme (nafs) en Islam et ses dimensions économiques » à la lumière des versets de la sourate Ach-Chams (Soleil): « Et par l’âme et Celui qui l’a harmonieusement façonnée; et lui a alors inspiré son immoralité, de même que sa piété ».
M. Toufiq a rappelé à l’entame de son intervention que les éminents érudits de la Oumma islamique ont étudié tout ce qui a trait aux droits de l’âme dans le Saint Coran et la Sounnah et fait le distinguo entre les droits absolus et ceux composés, notant que ces derniers sont également les droits d’Allah, de Son Prophète, de l’individu et de la communauté.
L’individu a d’abord des droits vis-à-vis de lui-même puis viennent les droits composés qui impactent naturellement la communauté et en particulier ses aspects économiques, a-t-il indiqué.
M. Toufiq a ensuite tenu à préciser que le thème de cette causerie sera abordé en s’appuyant sur quatre évidences et une seule conviction.
Pour ce qui est des évidences, le conférencier a cité en premier lieu la relation de causalité qui existe entre le comportement humain et les choix économiques. En deuxième lieu, il a noté que le comportement humain se manifeste à travers la politique qui n’est au fond que la gestion de la faiblesse humaine. La troisième évidence, a-t-il ajouté, est de consentir que le comportement humain dépend des envies de l’âme de l’individu qui le poussent à consommer, alors que la quatrième conviction se rapporte au marché comme point de rencontre entre l’économie, la politique et l’âme.
Et de relever comme c’est cité dans le Coran, la conviction, c’est le fait de façonner l’âme afin qu’elle puisse orienter le comportement de l’homme pour in fine construire un modèle de vie dont l’économie n’est en fait qu’une dimension parmi autres.
A cet égard, l’âme se définit comme cette force agissante d’où émane un certain comportement, a affirmé M. Toufiq, ajoutant qu’Allah a juré de façonner l’âme et fait qu’elle soit par nature pure et aimante des bonnes œuvres et éprise de justice.
La purification de l’âme, a-t-il souligné, est le droit de l’âme d’où découlent plusieurs autres de ses droits et constitue de ce fait le socle pour construire une personnalité saine au regard de la religion.
M. Toufiq a relevé dans ce sens que le Saint Coran a mis en garde contre la parcimonie car elle constitue une injustice envers l’âme et une atteinte à un de ses droits fondamentaux, relevant que la piété, qui passe par la purification de l’âme, est à la fois l’origine et le résultat d’un choix économique empreint des vertus de l’altruisme et de la générosité.
M. Toufiq a en outre évoqué l’émergence du mouvement soufi qui place l’éducation de l’âme et son façonnement au centre de son projet et qui considère que toute défaillance en cela se récupéra inéluctablement tant sur la compréhension de la religion que sur le comportement humain, notant qu’en dehors de la religion (l’Islam), tous les courants spirituels universels estiment que le perfectionnement de l’âme est la voie pour une humanité accomplie.
Il a par la suite fait remarquer qu’un bon nombre d’érudits s’accordent au moins sur quatre choses : le fait que l’éducation de l’âme à la modération est un moyen de purifier celle-ci et partant adoucir les mœurs, que l’âme peut être purifiée, que la générosité est la manifestation suprême de la purification et que à travers cette dernière l’âme accède à l’épanouissement tant dans ce bas-monde qu’à l’Au-delà.
Se demandant si des progrès ont été réalisés durant ce siècle au niveau de la connaissance de l’âme humaine qui permettent à l’homme de remettre en question son jugement concernant son comportement et partant la relation entre l’économie et la religion, M. Toufiq a assuré que les Hommes, en faisant prévaloir les valeurs morales, participent à construire une société pacifique et du vivre-ensemble.
Globalement, les droits de l’âme, selon les préceptes de l’Islam, peuvent être résumés en vingt points notamment le droit à la prière et au Dhikr pour qu’elle n’oublie pas son origine, le droit à une vie qualitative saine et ayant un sens, le droit à la purification, le droit à la préservation de son réceptacle qu’est le corps ainsi que de ses partenaires qui sont l’esprit et le cœur outre le droit à la liberté et à l’épanouissement.
Ces droits, a-t-il fait remarquer, ne sont pas propres à un âge précis, mais sont avant tout ceux de l’enfant et qui doivent être pleinement pris en compte au sein de la famille, de l’école et de la société.
M. Toufiq a expliqué à ce propos que quand l’individu et la communauté privilégient un comportement qui soit guidé par les valeurs morales, ils agissent sur trois niveaux à la fois : la théorie économique qui tienne compte des droits de l’âme et qui fait prévaloir des valeurs autres que celles de la logique du marché, la justice économique et le coût économique.
Il a de même fait observer que les réformes en cours dans le Royaume sont en phase avec l’esprit de purification de l’âme, relevant que l’appel de SM le Roi Mohammed VI à reconsidérer le modèle de développement marocain peut être perçu sous l’angle de l’autocritique dans l’optique de rationaliser la gouvernance au niveau régional et la répartition des responsabilités à une large échelle. Aussi, la haute importance qu’accorde Sa Majesté le Roi à la sécurité, à la réforme de l’administration et à la consécration des droits ainsi qu’à la solidarité participe à créer une société saine et égalitaire pour tous, a-t-il souligné.
À l’issue de cette causerie, SM le Roi a été salué par l’envoyé spécial du président de la République fédérale du Nigéria, Ahmed Aboubakar Rifai, le président du Forum pour la promotion de la paix dans les sociétés musulmanes, Cheikh Abdallah Ben Biyah (Emirats arabes unis), le directeur du centre mondial du renouveau et l’orientation à Londres, Chaikhouna Ben Abdellah Ben Beyah (Royaume Uni), le président du Conseil national islamique du Libéria-section jeunesse et membre de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, Kaba Faouarid Marouane, le vice-président de l’Association des oulémas musulmans algériens, le professeur Ammar Jamai Talbi, le membre du Conseil supérieur des affaires religieuses de Turquie, Benjamin Irwal, le secrétaire général adjoint du Conseil supérieur des affaires religieuses et membre de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains (section Tanzanie), Moussa Hamid Joumaâ et par le membre de l’Instance des oulémas du Soudan, président de la Fondation des oulémas africains (section Soudan), Mohamed Sayed Al-Khair Abou Kacem.
Le Souverain a également été salué par le président de commission à l’Assemblée nationale du Sénégal et vice-président de la section sénégalaise de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, Mohamed Khouraichi Niasse, le conseiller du président du Burkina Faso pour les affaires culturelles et islamiques et président de la section burkinabé de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, Aboubakar Doukouri, le président de l’Union des conseils islamiques pour l’Est, le centre et le sud de l’Afrique et président de la section congolaise de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, Abdallah Mangala Luaba, l’imam de la mosquée centrale de Lomé et représentant du président de la section togolaise de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, cheikh Mamadou Abou Doubachi, le responsable du département de la « Daâwa » et de la culture relevant du Comité des musulmans d’Afrique (Bénin) et président de la section béninoise de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, Mohamed Joumâa Othmane, et par l’ancien président du Conseil supérieur des musulmans du Kenya, conférencier à l’université de Nairobi et président de la section kényane de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, Abdelghafour Ahmed Saleh Abousaidi.
Par la suite, M. Toufiq a présenté à SM le Roi une copie d’un manuscrit calligraphié du style marocain, qui date du 19è siècle et qui comprend des prières sur le Prophète et des poèmes laudatifs (madih). La version originale de ce manuscrit est conservée à la bibliothèque de la mosquée Ben Youssef à Marrakech.